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Sixième vie (1993-2000)

Mais, mes parents sont morts, ma mère en janvier puis mon père en décembre de ce 1993, et j’ai voulu dans la douleur revenir m’installer sur les terres d’avant l’exil à Bordeaux en 1948 : à Hyères, ensuite aux Saintes-Maries-de-la-Mer. J’ai quitté la banlieue de Paris, tout en y revenant souvent, en ces grands écarts dont je devenais familier ; comment veut-on, qu’après avoir écrit tant de paradoxes, je sois bien normal ? Petit à petit, j’ai vendu ou donné les meubles et les maisons de ma famille : fils unique... et fils unique de parents eux-mêmes filles et fils uniques, et petit-fils unique de grands-parents eux-mêmes presque tous filles et fils uniques - encore une longue litanie -, j’ai soudain eu trop de richesses à ne pas pouvoir partager ; et mes biens se sont réduits, je liquidais ma famille, je devais êtes maigre, moi qui avais été si multiple. Mes maisons rétrécissaient, les camions de déménagement allaient et venaient, les armoires caressaient d’autres murs. Comme toutefois je demeurais celui qui se souciait du statut des auteurs, je devins président - toujours chef ! ce clown  - de la SGDL, fis preuve de politique et de diplomatie, créai La SOFIA, société de perception et de répartition de nouveaux droits, gérée paritairement par les écrivains et... ces éditeurs que je combattais dans le romantisme de ma troisième vie ; moins par pragmatisme que pour  vivre cette dialectique qui - je le théorisais, bien sûr - était le suc de mon existence. Je m’imaginais un haut homme politique, n’ayant pu être comme mon grand-père un homme d’affaire : c’est dans le rêve et l’illusion de moi que je parviens à être le plus sincère, le plus efficace. Dans le Sud, et revendiquant ce Sud, j’épousais A.-M., il y eut toute mon enfance qui me cligna de l’œil, je me croyais redevenu moi-même, mais tout à coup mon enfance ne m’apparut être que dans les récits de ma mère, ces récits je les avais écrits, ma mère était morte, je ne restais qu’un étranger sur la terre ancestrale - ce fut horrible et trop dialectique. A force de voir mes terroirs et mes terrains se rétrécir, se ratatiner, arriva un moment où j’en eu assez de tant d’exils, je m’exilai de l’exil, après nombreux tours et détours je revins en banlieue parisienne, auprès de F. : ce n’est pas incohérent, il suffit de voir la logique de ces allers-retours.

 

 

 

 

 

 



 
© François Coupry, 2012